Kerala: quelques photos et quelques histoires!
Finalement, j'ai laissé tomber pour l'instant l'idée de l'album photo, donc je vais délaisser un peu l'aspect culinaire de ce blog pour vous emmener faire un p'tit tour dans le Kerala, et ça me permet de vous raconter un peu des histoires.
Ici c'est la cour de la maison à Cochin, voilà comment on a été accueilli, avec des trombes d'eau de mousson! Comme on l'étudie tous les deux, il faut bien qu'on l'expérimente de temps en temps ! ;) C'est toujours aussi spectaculaire, mais heureusement ça s'est calmé et on a eu un super temps par la suite !
Mes grands-parents sont venus visiter le Kerala pendant 2 semaines. On avait organisé leur voyage avec l'agence d'un ami qui fait du tourisme vert et responsable. Si vous voulez passer des vacances personnalisées, en découvrant les réserves naturelles de ce pays ainsi que les arts et coutumes traditionnels, tout en respectant l'environnement et en collaborant et aidant les populations locales, je vous conseille d'aller faire un tour sur leur site en anglais, je les recommande vraiment car ils font un boulot remarquable:
Voici nos deux petits trésors qui nous ont fait passer des moments mémorables, nos petites nièces Saniya et Navya, en train de manger des idiyappam pour le p'tit dèj'. Montrez pas ça à vos enfants ils vont être jaloux de voir qu'elles ont le droit de manger avec les mains ! ;)
On a fait une petite promenade en famille dans les backwaters, ces étendues d'îles et de canaux entrelacés sur des kilomètres entre la mer et le continent, où vit la famille de Prince, ici des rizières avec au fond les fameux carrelets chinois
le canal des pêcheurs
Le "port" avec les enfants qui jouent, des moules énooormes et toujours les cocotiers bien verts en arrière plan ;)
Ce gros lézard s'est amusé longtemps à poser pour moi ;)
Je vous emmène maintenant à Kalamandalam, école d'arts traditionnels du Kerala qui a permis au milieu du siècle dernier de sauver ces arts à l'aide d'enseignements et de spectacles. Toutes les photos par la suite sont issues de cette journée quand nous avions rejoint mes grands-parents lors de leur périple. L'école enseigne les danses tradionnelles du Kerala et tout ce qu'il y a autour: musique, costumes, arts d'Inde du Sud proches. Sont ainsi représentés :
- le Kathakali, sorte de danse-théâtre datant du 17è siècle avec des costumes impressionnants
- le Koodiyattam, théâtre en sanskrit vieux de 1800 ans
- le Thullal: art très populaire de théâtre-danse-comédie, avec satyres sociales...
- le Mohiniyaattam: danse féminine du Kerala, tout en mouvements gracieux, ondulations et gestes de mains codifiés, les danseuses sont habillées en blanc et doré
- les arts proches comme le bharathanatyam que je pratique, et le kuchipudi
- la musique classique
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller sur leur site en anglais: www.kalamandalam.org
Ci-dessus, les enfants s'entraînent pendant des années sur du bois ou de la pierre avant de jouer sur les vraies percussions
Les élèves-artistes apprennent à confectionner les bijoux, le maquillage et les masques pour leur costume de scène. Le maquillage n'utilise que des pigments naturels et la colle n'est que de la pâte de riz
La guru et ses élèves pendant un cours de Mohiniyaattam
Ces élèves vont vers le temple-salle de spectacle pour suivre la répétition générale de la grande représentation qui avait lieu le lendemain
Ca c'est pour faire plaisir à Tit', ce sont des modèles de personnages de Kathakali, à gauche le gros méchant démon et à droite le gentil héros
En passant, vue de la piscine qui donne sur la rivière du magnifique hotel-ancien palace où étaient logés mes grands-parents
Après avoir visité l'école Kalamandalam, nous nous sommes dirigés chez des particuliers, qui font partie d'une communauté héritière d'un art folkorique en voie de disparition, que l'agence aide à maintenir grâce au tourisme responsable.
Pour mieux comprendre le rôle de cette communauté Pulluvar, je vous raconte l'histoire de sa création. Il y a très longtemps bien entendu, une jeune fille de bonne famille allait chercher de l'eau au puit quand elle aperçut un petit serpent blessé. Touchée, elle décida de le protéger dans un récipient qu'elle déposa près du puit et le nourrit pour qu'il se remette. Le lendemain, à l'endroit où reposait le serpent, avait jaillit une sculpture de serpent en pierre. Quand sa famille demanda à la jeune fille des explications, elle fut répudiée. Pendant que la jeune fille errait le dieu des dieux entra en communication avec elle, pour la remercier, il lui proposa un don qui lui permettrait de gagner sa vie, mais en contrepartie, elle devait régulièrement prier le dieu serpent. Il répandit alors sur ses terres de terribles maladies et donna à la jeune fille le don de guérir à l'aide d'incantations au Dieu serpent, ainsi que deux instruments de musique. La communauté pulluvar qui subsiste encore aujourd'hui dans le centre du Kerala est issue des descendants de cette jeune fille, et leur art folkorique perdure.
Ces familles se rendent régulièrement dans les maisons pour chanter des prières au dieu serpent pour repousser les maladies ou assurer de bonnes récoltes. Pour les cérémonies plus importantes, ils dessinent des kalams au sol, à l'aide de poudres naturelles, ce sont des dessins géométriques de serpents entrelacés. Ils chantent ensuite puis effacent le kalam dans une sorte de transe. Les rituels varient légèrement selon les régions et les familles. Le problème est qu'aujourd'hui ils ne vivent plus aussi bien de leur art et sont obligés de faire d'autres métiers. L'initiative de cette agence de tourisme par exemple leur permet de les aider financièrement, tout en perpétuant leurs traditions. Ils ont fait ce kalam et ensuite chanté rien que pour nous, c'était fabuleux !
Vous pouvez voir une démonstration de kalam ainsi que des conférences concernant cette communauté fin décembre au musée du Quai Branly, la programmation est ici
Le kalam est fait à l'aide de poudres de couleurs blanche, jaune, verte, rouge et noire. La blanche est de la farine de riz, la jaune, du curcuma, la verte de la poudre de feuilles séchées, la rouge un mélange de chaux et de curcuma et la noire de la cendre de l'enveloppe du riz.
Voici une partie du kalam terminé, avec à droite les 2 têtes de serpent
Ensuite les chants accompagnés des instruments traditionnels
Au-delà de sa cuisine que je mets en avant ici, le Kerala regorge de richesses culturelles et naturelles qu'il est fascinant de découvrir !